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Le fentanyl.

Le fentanyl.

Le fentanyl (R5240, sel citrique) est un opioïde dont le potentiel analgésique très puissant est indiqué dans le traitement des douleurs chroniques sévères.

Régulièrement prescrit à des fins thérapeutiques, cet opioïde est de plus en plus détourné afin d’être consommé comme drogue récréative.

Des dérivés de ce fentanyl pharmaceutique sont également élaborés par des laboratoires clandestins implantés pour la plupart en Chine.

Ils sont disponibles sous diverses formes (poudre, cachets, spray …) pour diversifier les types de consommation par des personnes intoxiquées aux opiacés.

Plus accessibles (prix et encadrement juridique) que l’héroïne et plus puissants que celle-ci, les dérivés de fentanyl sont recherchés par les toxicomanes et constituent une grave menace pour la santé publique.

En Amérique du Nord et en particulier au Canada, on observe une augmentation exponentielles de surdoses au fentanyl.


PLAN


HISTORIQUE.
STATUT LÉGAL.
MODES DE CONSOMMATION.
EFFETS RECHERCHÉS.
EFFETS SECONDAIRES.
RISQUES ET COMPLICATIONS.
DÉPENDANCE.


HISTORIQUE

Ce phénomène fait son apparition en Amérique du Nord, en particulier au Canada, dans la province de Colombie britannique, où le fentanyl constitue l’une des drogues létales les plus trafiquées.

En août 2017, le seuil de 1000 décès par surdose a été dépassé.

Selon Interpol, les autorités canadiennes déplorent ainsi en moyenne 120 par mois, soit 4 par jour.

En Europe, plusieurs États (particulièrement le Royaume-Uni, la Suède, L’Estonie et l’Allemagne) sont impactés par ce phénomène et constatent une progressions substantielle de décès par surdose sur la période 2014 à 2017 (source Europol).

Alors que la France semble épargnée par ce phénomène, on remarque néanmoins que des décès restent inexpliqués chez les toxicomanes à l’héroïne. En effet, la méconnaissance de ce phénomène n’incite pas à rechercher des traces de fentanyl post mortem. Cette substance ne réagit pas aux test habituellement effectuer pour détecter les opioïdes et les analyses de laboratoire sont difficiles à mener compte tenu de la dose infime absorbée (source PhISP OCLAESP).

De par ses effets amplificateurs, le fentanyl est particulièrement recherché par les consommateurs réguliers d’opioïdes.

Une simple consultation d’un forum de discussion rassemblant des « sympathisants de substances psychoactives » permet de constater que des individus partagent librement leurs expériences et prodiguent des conseils d’utilisation optimisant les effets et réduisant les risques.

L’apparition du fentanyl sur le marché français est déjà constatée par les interceptions en augmentation aux frontières de colis contenant cette substance par les fonctionnaires des douanes (source DNRED).

STATUT LÉGAL

Fentanyl et ses dérivés pharmaceutiques

Le fentanyl pharmaceutique est un antalgique puissant utilisé dans le traitement des douleurs chroniques intenses, qui ne sont soulagées que par les antalgiques dérivés de l’opium.
Ce médicament est vendu dans les pharmacies sous forme de comprimés, de dispositifs transdermiques ou de flacons pour pulvérisation.

Le fentanyl et ses dérivés sont classés parmi les « stupéfiants ». Cent fois plus puissant que la morphine, ils disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM).

Les dérivés de fentanyl sont des produits synthétisés de manière illicite dans des laboratoire clandestins. Les trafiquants mélangent de petites quantités de fentanyl avec d’autres substances telles que la caféine, du paracétamol … pour le revendre, soit comme un dérivé (acryl(oyl)fentany, furanylfentanyl, isobutyr(yl)fentanyl …), soit le mélangent avec de l’héroïne ou de la cocaïne pour décupler les effets.

Leur usage hors prescription médicale est interdit : l’article L3421-1 du Code de la Santé Publique prévoit des amendes (3750€) et des peines de prison (jusqu’ à 1 an).

Les actes de trafic, l’emploi illicite de fentanyl ainsi que le fait de s’en faire délivrer au moyen d’une ordonnance fictive ou de complaisance sont punis de 5 ans de prison et de 375 000 euros d’amende (article L5432-2 du code de la santé publique).

Fentanyloïdes (fentanyl non pharmaceutique illicite)

27 analogues du fentanyl sont inscrits sur la liste des stupéfiants :

3-méthylfentanyl,3-méthylthiofentanyl, acétyl-alpha-méthyl­-fentanyl, acétylfentanyl, alpha-méthylfentanyl, alpha-méthylthiofentanyl, bêta-­hydroxy-3-méthylfentanyl, bêta-hydroxyfentanyl, butyr(yl)fentanyl, para-fluorofentanyl ou 4-fluorofentanyl, thiofentanyl, ocfentanyl (ou ocfentanil), furanylfentanyl, β-hydroxythio­fentanyl, isobutyr(yl)fentanyl, 4-fluorobutyr(yl)fentanyl, carfentanyl (ou carfentanil), l, valeryl­fentanyl, para-fluoro-isobutyr(yl)fentanyl (4F-iBF), 3-fluoro­fentanyl, 4-méthoxybutyr(yl)fentanyl, despropionyl­fentanyl, despropionyl-2-fluoro-fentanyl.

Leur usage est interdit : l’article L3421-1 du Code de la Santé Publique prévoit des amendes (3750€) et des peines de prison (jusqu’ à 1 an).

La production, l’importation, l’incitation à l’usage, la vente et la cession sont interdites : les articles 222-34 à 222-43 du Code Pénal prévoient des amendes (de 75 000 € à 7 500 000 €) s’accompagnant de peines de prison (5 ans à 30 ans de réclusion criminelle).

MODES DE CONSOMMATION

Usage médical du fentanyl et de ses dérivés pharmaceutiques :

  injection effectuée par un professionnel.
  patch transdermique (diffusion à travers la peau).
  application buccale entre la joue et la gencive (fentanyl transmuqueux).
  ingestion de comprimé.
  inhalation (spray nasal).

Les usages détournés du fentanyl et de ses dérivés pharmaceutiques :

Le fentanyl utilisé de manière illicite est utilisé en injection, par ingestion de comprimés, en mâchant des patchs, en fumant ou inhalant la poudre.

Les patchs transdermiques, même déjà utilisés, peuvent être mâchés, fumés dans une pipe ou une cigarette (patch découpé en fines lamelles), reniflés, ou injectés.

Les fentanyloïdes (fentanyl non pharmaceutique) :

  La poudre peut être injectée, sniffée ou fumée
  Les buvards sont ingérés
  Les comprimés sont ingérés.

EFFETS RECHERCHÉS

L’intensité des effets varie selon chaque personne, le contexte dans lequel elle consomme, la quantité et la qualité du produit consommé.

Le fentanyl et ses dérivés sont des antidouleurs puissants qui provoquent :

 une atténuation de la douleur physique.

 une sensation de détente, un sentiment de bien-être et d’apaisement.

 une atténuation de l’anxiété, de la tristesse.

 une euphorie (moins prononcée que ce que l’on observe avec l’héroïne et la morphine).

Suite à une prise de stimulants, la prise de fentanyl adoucit les effets désagréables de la descente.

Durée des effets du fentanyl et ses dérivés pharmaceutiques

A libération immédiate :

 En injection : Les effets apparaissent en 2 à 3 minutes, et peuvent durer jusqu’à 30 minutes.

 En applicateur buccal : les effets apparaissent en 30 minutes et durent 2 à 3 heures.

 En comprimé sublingual ou gingival : les effets apparaissent en 15 à 30 minutes et durent 2 à 4 heures.

 En spray : les effets apparaissent en 10 minutes et durent 1 heure.

La prescription de fentanyl d’action rapide est très souvent associée à une prescription d’antalgiques opioïdes à libération prolongée.

 A libération prolongée :

 En patch : les effets augmentent progressivement pendant les 24 premières heures, et durent 72 heures avec stabilisation à 48 heures.

Durée des effets des fentanyloïdes (fentanyl non pharmaceutiques)

Les effets peuvent durer entre 30 minutes et 4 heures en fonction du produit utilisé. Mais faute de recul et d’études scientifiques, leurs durées d’effets ne sont pas encore bien connues.

EFFETS SECONDAIRES

L’intensité des effets varie selon chaque personne, le contexte dans lequel elle consomme, la quantité et la qualité de produit consommé.

 constipation (le plus fréquent).

 état de somnolence, vertiges.

  nausées, vomissements.

 fatigue.

 douleurs abdominales.

 perte de connaissance.

 convulsions.

 maux de tête.

 anémie.

 œdème.

 En cas d’administration par la bouche :

 douleurs et irritations de la muqueuse buccale.

 ulcère de la bouche.

 détérioration de l’état dentaire (caries, perte de dents partielle voire totale).

Les données les plus récentes suggèrent des effets dentaires particulièrement graves pour la spécialité ACTIQ.

 En cas d’administration par le nez :

 sensation de gêne nasale.

 nez qui coule.

 nez qui saigne.

 perforation de la cloison nasale.

RISQUES ET COMPLICATIONS

Les principaux risques du fentanyl et de ses dérivés sont la surdose et la dépendance.

La surdose est une urgence médicale qui peut conduire au décès.

Les principaux signes de la surdose sont :

un resserrement de la pupille.

des troubles de la vigilance : rareté des mouvements, mutisme, indifférence apparente aux stimulations, inconscience.

une respiration anormalement lente et superficielle qui peut aboutir à un arrêt respiratoire.

Attention, les dérivés du fentanyl, peuvent être 100 fois plus puissants que la morphine, voire beaucoup plus pour le carfentanyl. Le risque de surdose est particulièrem

ent élevé, d’autant plus que la dose qui produit l’effet attendu est souvent proche de la dose potentiellement mortelle.

Interactions :

Le risque d’arrêt respiratoire est renforcé lorsque la consommation de fentanyl (ou de ses dérivés) est associée :

à l’alcool.

aux benzodiazépines.

à d’autres opioïdes.

DÉPENDANCE

À la suite d’un usage répété de fentanyl ou de ses dérivés, y compris suite à un traitement antidouleur prolongé, une tolérance (nécessité d’augmenter les doses pour ressentir les effets) et une dépendance peuvent se développer.

Un syndrome de sevrage apparaît à l’arrêt, marqué par les symptômes suivants :

transpiration.

anxiété.

diarrhée.

douleurs osseuses.

gênes abdominales.

tremblements ou « chair de poule ».

Le syndrome de sevrage débute en général 24 heures après l’arrêt de la consommation, et disparaît après une semaine environ.

 Un état de mal être avec craving (envie irrépressible de consommer à nouveau) peut durer des semaines, voire des mois.

Cet état peut être un véritable obstacle à l’arrêt.



Le fentanyl et ses dérivés présentent un danger réel.

Le contact avec la peau constitue également une voie d’exposition potentielle, la menace résidant dans un contact hautement concentré sur une période prolongée.

L’exposition par inhalation peut rapidement entraîner une dépression respiratoire.
Deux milligrammes de fentanyl (une quantité équivalente à cinq grains de sel de table) suffisent à provoquer une dépression respiratoire, voire un arrêt cardiaque pouvant conduire au décès.


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