En matière de produits stupéfiants, deux types de trafic sont à distinguer : le trafic « de fourmi » et le trafic international.
Seul ce dernier est le fait de filières structurées, souvent contrôlées par des associations de malfaiteurs relevant du domaine du « CRIME ORGANISÉ » mettant en œuvre des moyens humains, matériels et financiers considérables pour importer de grosses quantités de drogues de manière plus ou moins intensive.
Dans le domaine du trafic international organisé, la France est essentiellement touchée par l’importation d’héroïne, de cocaïne, d’ecstasy et de cannabis.
MOYENS HUMAINS |
C’est par aide, partage et services rendus qu’un toxicomane se rend compte de la facilité de gagner de l’argent en vendant de la drogue, mais surtout en apprenant les méthodes de consommation et de coupe. C’est ainsi que du service rendu à l’esprit de lucre, un réseau prend forme.
En règle générale, le schéma d’un réseau est le suivant :
FOURNISSEUR ET POURVOYEUR.
VENDEUR (DEALER).
RABATTEUR (REVENDEUR).
USAGER FORMANT LE RÉSEAU DIT « LOCAL ».
Les fournisseurs font souvent partie d’organisations de type « mafieux » et ont subséquemment à leur disposition un réseau important, très structuré, d’hommes de mains ayant chacun leur rôle bien défini.
Souvent, les pourvoyeurs (transporteurs, grossistes, approvisionneurs) ne sont pas des consommateurs de drogues ou d’anciens « dealers ».
En matière de transport, l’utilisation de « mules » est fréquente. Elles sont souvent recrutées parce qu’elles possèdent un moyen de locomotion (véhicule, bateau, avion …) mais avec l’expérience, elles utilisent un moyen de transport d’emprunt, de location pouvant être payé par le recruteur.
Généralement, les « mules » sont recrutées parmi une population ayant des moyens modestes, voire très modestes et désireuse d’augmenter ses revenus assez facilement et rapidement.
Il arrive parfois que des personnes transportent cependant des produits stupéfiants à leur insu.
Au niveau de la France, les pourvoyeurs interpellés sont en grande majorité de nationalité française, suivis de très loin par des ressortissants des pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie), d’Europe (Italie, Grande Bretagne, Espagne, Portugal …) et d’Asie (Turquie).
MOYENS MATÉRIELS |
En ce qui concerne le matériel utilisé, les fournisseurs ou les pourvoyeurs n’hésitent pas à employer du gros matériel afin de transporter de grosses quantités.
C’est ainsi qu’ils utilisent des avions, des bateaux (transport de marchandises ou de plaisance), de camions et des véhicules de grosses cylindrées.
De plus, en matière de communication, ils emploient les techniques les plus modernes avec l’utilisation de téléphones portables qui permettent une certaine confidentialité des conversations et une liaison directe et immédiate entre plusieurs véhicules qui se suivent à distance, le ou les premiers servant de sonnette au véhicule qui transporte la marchandise.
En grande majorité, les moyens utilisés sont empruntés ou loués afin de cloisonner le réseau et d’éviter d’impliquer une personne ou une entreprise située au sommet de la filière.
MOYENS FINANCIERS |
Au niveau des filières d’un réseau de stupéfiants, les moyens financiers sont très importants car comme annoncés précédemment, les fournisseurs font souvent partie intégrante d’organisations de type mafieux donc de structures ayant de gros moyens financiers.
Il en est de même pour les pourvoyeurs qui, même s’ils ne font pas partie de ces structures relevant du « crime organisé », ont des finances très confortables car la revente de drogue procure une plus value très conséquente (bénéfices réalisés au niveau d’un pourvoyeur en matière de cannabis : environ 1060 euros au kg, en matière d’héroïne : environ 9150 euros pour 100 grammes).
La France est un pays à double étiquette, à savoir un pays de destination pour le trafic de stupéfiants français mais aussi un pays de transit car, en tenant compte de sa situation géographique en Europe, la France est une véritable plaque tournante.
Afin d’enrayer le phénomène de trafic international organisé, il serait souhaitable que les pays producteurs de produits stupéfiants, luttent plus efficacement contre les trafiquants de drogues et mettent en place une véritable politique de substitution de production suffisamment lucrative pour que les paysans ne soient pas tenter par la production de stupéfiants.
En ce qui concerne le démantèlement des filières internationales, il serait primordial que les pays de transit et de destination des produits, collaborent étroitement entre eux sans restriction et que :
➔ les moyens en hommes et en matériels soient engagés.
➔ les moyens législatifs soient mis en application (convention de SCHENGEN).
Mais les filières ne sont pas le seul élément du trafic international auquel il faut s’attaquer. Il existe également un autre élément qui consiste à écouler l’argent du trafic issu du trafic de stupéfiants : c’est le BLANCHIMENT D’ARGENT.
Il est donc important d’effectuer des enquêtes financières plus poussées au regard de certaines entreprises mais il faut également sanctionner plus durement.
Dans le domaine de la criminalité organisée tout reste à faire car aucun instrument d’action européen n’a vraiment été mis en place. Le constat est accablant : l’argent sale, produit de trafic de drogues, de véhicules, d’armes, d’êtres humains et de grande délinquance économique et financière, représenterait selon les estimations d’INTERPOL (1999), près de 600 milliards de dollars par an, l’équivalent du commerce pétrolier dans le monde.
Ces sommes considérables, qui alimentent par ailleurs, l’économie spéculative, prolifèrent grâce au paradis fiscaux et secret bancaire.
La grande criminalité organisée fait des quartiers de nos villes les terminaux des trafics de drogue.
Face à cette criminalité transnationale qui s’appuie sur des réseaux économiques et financiers puissants, les procédures classiques de l’entraide judiciaire, notamment en Europe, sont inopérantes. Les échanges entre les juges des différents pays sont ralentis par de multiples obstacles :
➔ les différences de la législation qui empêchent ou diffèrent les extraditions.
➔ les multiples recours qui, comme en Suisse, au Royaume Uni ou au Luxembourg, retardent parfois pendant des années les extraditions ou même l’envoi de documents judiciaires.
Le secret bancaire, si protégé dans certains pays européens, l’anonymat des dépôts d’argent dans les paradis fiscaux, l’impossibilité de suivre la trace de l’argent sale qui transite facilement d’un compte à l’autre expliquent que si l’argent du crime se joue des frontières, les juges et policiers trop encore confinés à l’intérieur de celles-ci sont encore peu armés face à la criminalité organisée.