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La chicha : du tabac (pas) comme les autres.

La chicha : du tabac (pas) comme les autres.


PLAN

QU’EST-CE QUE LA CHICHA ?

DISTRIBUTION.

CIGARETTES ET NARGUILÉ QUELLES DIFFÉRENCES ?

LA CHICHA C’EST COMME UNE CLOPE ?

LES RISQUES POUR LA SANTÉ.

POUR EN SAVOIR PLUS …


La chicha qui est également appelée narguilé, houka, chilam ou water-pipe est une pipe à eau de taille variée, destinée principalement à fumer du tabac ou de l’essence de fruits.

Elle est populaire dans diverses régions du monde et c’est un phénomène de société car elle rencontre un vrai succès auprès des jeunes.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) affirme qu’elle serait fumée quotidiennement par plus de 100 millions de personnes.

Selon le dernier bilan de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), pour l’année 2018, les achats de tabac à chicha ont augmenté de 30 %. 

QU’EST-CE QUE LA CHICHA ?

La chicha est une pipe orientale à long tuyau flexible dans laquelle la fumée passe par un vase rempli d’eau.

Elle est composée de plusieurs parties :

un réservoir à eau.

une cheminée.

un plateau servant de cendrier.

un tuyau flexible.

une pipe immergée.

un petit bol (sommet de la cheminée dans lequel on met le tabac).

Le tabac utilisé dans les pipes à eau ou chicha est appelé « tabamel ».

Il est en général composé de 28% de tabac associé à 70% de mélasse (liquide sirupeux contenant 50% de sucre), d’agents de texture et de conservateurs ainsi que des arômes de fruits (fraise, pomme, noix de coco…) qui lui donnent ce côté acidulé et parfumé qui trompe les fumeurs.

Le tabac n’y brûle pas de façon autonome mais est chauffé et partiellement brûlé par adjonction d’un charbon incandescent ou d’une braise ardente, dans la douille qui donne sur une cheminée conduisant par aspiration la fumée au fond du vase rempli d’eau.

DISTRIBUTION

POUR LES PROFESSIONNELS

La vente au détail des tabacs manufacturés est un monopole confié à l’administration des douanes et droits indirects qui l’exerce par l’intermédiaire des débitants de tabac et des revendeurs (article 568 du Code Général des Impôts).

Le prix de vente est d’environ 180 euros le kg.

Les bars dédiés dit « bars à chicha » sont également habilités sous réserve de se conformer à la réglementation en vigueur : licence débit de boissons 3 ou 4, interdiction aux mineurs et présence d’un fumoir.

POUR LES PARTICULIERS

La législation en matière d’importation dépend de la provenance.

Depuis un pays européen, il est possible d’importer légalement 1 kg de tabac à fumer (250 g depuis un pays hors Union européenne).

CIGARETTES ET NARGUILÉ QUELLES DIFFÉRENCES ?

La cigarette contient du tabac séché et de nombreux autres additifs.

La chicha est consommée avec du « tabamel » qui est un dérivé du tabac.

Le tabac est chauffé et brûlé par un charbon pour la chicha alors que pour les cigarettes la combustion est directe.

Tabamel.

LA CHICHA C’EST COMME UNE CLOPE ?

Vous voulez oublier votre journée, passer une bonne soirée avec vos amis ?

La chicha est là pour ça : sa fumée tiède et ses arômes suaves vous feront oublier tous vos soucis.

Elle vous fera oublier par la même occasion tous ses dangers !

Au niveau du tabac.

Tabamel et Jurak = 15 % de tabac.

Tumbak = 99 % de tabac.

Fumer pendant plus d’une heure c’est l’équivalent d’une cigarette toutes les 4 minutes.

➔ Au niveau du charbon.

La fumée avalée contient la combustion du tabac et du charbon qui produisent des goudrons et du monoxyde de carbone à des taux équivalents à 1 bouffée = 1 cigarette et ce, quelque soit le produit qui l’accompagne.

Au niveau des métaux.

Pas de papier brûlé, certes? Mais avez-vous pensé aux métaux lourds contenus dans le papier alu et la cheminée ?

Nickel, chrome, cobalt, plomb, béryllium … chauffés qui se retrouvent en particules dans chaque bouffée avalée.

Le tabac à chicha se décline en trois grandes catégories de mélanges et on retrouve essentiellement le Tumbâk, le Jurâk et le Massil.

Le Tumbâk est un mot d’origine perse, c’est en réalité un tabac lourd en nicotine.

Le Jurâk est un tabac mélassé (sucré) et dépourvu d’arômes. Il est fabriqué avec de l’huile et des fruits qui sont mélangés avec du Tumbâk pour agrémenter le goût.

Le Massil est une compilation et/ou un mélange de tabac et de mélasse ou encore de miel. Le tabamel est le plus vendu.


Au niveau :

➔ de la fumée avalée, la chicha c’est au moins 40 cigarettes en une heure.

➔ de la nicotine, la chicha c’est au moins 15 cigarettes en une heure.

➔ du monoxyde de carbone, la chicha c’est au moins 20 cigarettes en une heure.

➔ des goudrons, la chicha c’est au moins 26 cigarettes en une heure.

➔ du tabagisme passif, la chicha c’est au moins 6 cigarettes, sans compter le surdosage en monoxyde de carbone.


LES RISQUES POUR LA SANTÉ

Contrairement aux idées reçues, fumer la chicha augmente le risque de cancers, de bronchites chroniques et de problèmes cardio-vasculaires.

La sensation parfumée agréable est trompeuse car les fumeurs n’ont pas idée de la quantité de produits toxiques inhalés et de leurs effets nocifs à long terme.

« Croire que fumer la chicha est plus sain que fumer des cigarettes est une erreur. Au contraire, la fumée de la chicha est particulièrement toxique, y compris pour les fumeurs passifs »

Docteur Claire Lewandowski, médecin spécialiste en médecine générale.

Les études sur les effets sanitaires de la chicha montrent que fumer la chicha accroît les risques de :

cancers du poumon.

cancers de l’œsophage.

cancers de l’estomac.

Certaines études ont montré des effets cardiovasculaires aigus tels qu’une influence sur :

la pression artérielle.

la fréquence cardiaque.

la variabilité de la fréquence cardiaque.

les maladies parodontales.

l’altération du larynx et de la voix.

D’autre part, le narguilé expose le fumeur à des risques de contagion microbienne, comme par exemple la tuberculose car ils utilisent le même embout que les autres fumeurs.


L’usage de la chicha n’est pas exclusivement traditionnel et communautaire.

Sa consommation est conviviale, à la mode et elle se pratique en groupe.

Les « bars à chicha » offrent un cadre propice à cette pratique.

Si la consommation est autorisée pour les majeurs, l’importation est soumise à des taxes et la distribution est réservée aux seuls buralistes et revendeurs autorisés.



LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE FAVORISE LA CONTREBANDE

L’approvisionnement des bars à chicha en dehors du circuit légal est une pratique courante pour se soustraire à la fiscalité (95 % du tabac à chicha en France ne serait pas acheté dans le réseau légal selon Bernard Gasq, président de la fédération des buralistes d’Ile-de-France, Le Parisien, 18/06/2020).

L’épisode covid-19 a considérablement affaibli ces commerces et l’économie parallèle permet l’augmentation des gains dans un contexte de crise économique.


UN MARCHÉ À FORT POTENTIEL

Le marché mondial de la chicha est évalué à 730 millions de dollars en 2018 (dont environ 70 % en Afrique et au Moyen-Orient.

Il devrait atteindre 2,7 milliards de dollars en 2025 avec un taux de croissance annuel de 18 %.

44 tonnes de tabac de contrebande ont été saisis par les douanes en 2019 contre 75 tonnes en 2018 (communiqué de presse de Mr DARMANIN du 04 février 2020 – Bilan douanes 2018).

Les réseaux semblent mieux s’organiser autour de ce trafic et la contrebande de tabac à chicha représenterait environ 5 milliards d’euros de manque à gagner pour l’État (Bernard Gasq, président de la fédération des buralistes d’Ile-de-France, Sud Radio, 19 juin 2020).


DES LOGIQUES D’IMPORTATION SEMBLABLES AU TRAFIC DE CANNABIS

Le tabac à chicha provient d’Afrique du nord, des États-Unis, d’Espagne, du Portugal voire des Balkans.
Il semble suivre les mêmes routes que le cannabis.

Le transport se fait aussi bien en gros volume (voie maritime puis fret routier) qu’en plus petite quantité via le trafic de passagers aériens (mules – trafic de fourmi).

La stratégie d’importation repose sur les mêmes vecteurs de transport et les mêmes techniques de dissimulation des autres drogues.

Le tabac à chicha de contrebande est acheminé chez un semi-grossiste dans une grande agglomération ou en périphérie urbaine.

Le revendeur utilise parfois les réseaux sociaux (facebook, snapchat, etc) pour promouvoir sa marchandise, fidéliser sa clientèle et l’informer des approvisionnements.
Les détaillants viennent généralement se fournir chez de tels revendeurs.

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