De quoi parle t’on ?
Le protoxyde d’azote (N²O) fait partie de la classe des anesthésiques généraux.
Il est également appelé oxyde nitreux, hémioxyde d’azote ou encore gaz hilarant.
Ce gaz incolore a une odeur et un goût légèrement sucrés.
Il est utilisé en anesthésie ou en chirurgie par exemple comme adjuvant pour ses propriétés anesthésiques et antalgiques.
Gaz conditionné, liquéfié sous sa propre pression dans des bouteilles métalliques, ces usages sont variés et on le retrouve par exemple comme gaz de pressurisation, comme gaz d’aérosols alimentaires ou comme gaz anesthésique en chirurgie.
Faisant l’objet d’usages détournés, sous l’appellation « PROTO » dans les soirées et les manifestations festives, il est inhalé sous forme de ballons, vendus à un prix modique.
Le protoxyde d’azote peut entraîner des effets indésirables, qui disparaissent généralement 15 minutes après l’arrêt de l’inhalation mais qui peuvent persister quelques heures, voire quelques jours, en fonction de la dose consommée : nausées et vomissements, maux de tête, crampes abdominales.
Il entraîne des modifications de la conscience, une euphorie, des distorsions visuelles et auditives, des effets sédatifs, des vertiges, des angoisses, une agitation et des manifestations digestives (nausées, vomissements).
Respirer ce gaz conduit à une perturbation des perceptions sensorielles. Leur excitation excessive provoque des troubles de sensations, voire des hallucinations.
HISTORIQUE |
Découvert par hasard à la fin du XVIII° siècle par un chimiste britannique, ses effets psychotropes ainsi que sa faculté d’insensibilisation à la douleur ont été très vite reconnus.
Curieusement, personne ne pensa cependant à l’utiliser à des fins chirurgicales avant la démonstration d’anesthésie par l’éther en 1846 !
Artistes, écrivains et philosophes expérimentèrent par contre l’inhalation de ce produit en recherchant des visions éphémères ou des révélations.
C’est également sous le nom de « gaz hilarant » que l’on retrouvait le protoxyde d’azote dans des stands de cirques itinérants. Moyennant quelques pièces, des curieux pouvaient alors venir respirer une bouffée de gaz et en éprouver les effets cités.
De nos jours, on retrouve le protoxyde d’azote dans les salles de travail des maternités puisqu’il est proposé, couplé à de l’oxygène, aux femmes accouchant et désirant être détendue. Couramment utilisé comme gaz propulseur d’air pour nettoyer les petites pièces mécaniques (en photographie, horlogerie, etc), on l’emploie aussi pour faire de la crème Chantilly.
Arrivant des États-Unis où son usage est courant lors de concerts (Greatful Dead), en France, ce n’est que depuis quelques années que ses propriétés psychotropes ont été redécouvertes par quelques freaks bien avisés qui décidèrent de lancer la » mode des ballons « .
PRÉSENTATION |
Dans le commerce, c’est sous une forme liquide, conditionnée à très basse température dans de petites capsules ovoïdes, que l’on trouve le protoxyde d’azote.
Attention, un autre gaz, le dioxyde de carbone (CO²) qui est utilisé pour faire des sodas et qui est hautement toxique, est également disponible en capsule.
Outre l’explication figurant sur l’emballage, la couleur des capsules permet de distinguer facilement les deux gaz. Celles contenant du N²O sont argentées, chromées ou rosées, tandis que pour le CO², la couleur est jaune.
En RAVE, en France mais en Allemagne aussi, certains vendeurs de ballons utilisent des bombonnes de gaz N²O à usage médical.
LES EFFETS |
Depuis deux cents ans, le protoxyde d’azote est, pour le monde médical, une curiosité.
Ses effets ne surviennent qu’en quelques secondes et ne durent que tant qu’il est inhalé. Pénétrant dans le sang, il en déprime les fonctions cérébrales en quelques secondes.
Avec le N²O, on ne peut pas à proprement parler de « montée » tant la sensation de « high » semble immédiate.
Il s’agirait plutôt d’une « douce redescente » accompagnée de distorsions auditives donnant aux sons une enveloppe métallique quelque peu stroboscopique.
Pour ce qui est de ses vertus hilarantes, il est a noter que les fous rires ne sont pas systématiques.
LES DANGERS |
Médecins et dentistes considèrent depuis longtemps le protoxyde d’azote comme un agent pharmacologique inoffensif.
Son utilisation à des fins récréatives présente pourtant des risques qu’il faut connaître.
On sait qu’un usage prolongé et à doses élevées peut avoir de graves conséquences pour la moelle osseuse et le système nerveux, du fait d’interférences sur le métabolisme de la vitamine B-12.
Les sujets les plus exposés à ces effets toxiques sont ceux qui ont un déficit en vitamines B12 (végétariens).
Il existe un effet cumulatif lorsque les prises sont rapprochées de moins de trois jours. Néanmoins, inhaler 10 ballons tous les week-ends peut s’avérer dangereux à la longue.
L’inhalation directe du gaz contenu dans des réservoirs pressurisés est dangereuse pour deux raisons :
➔ Première raison :
Le gaz qui s’en échappe est très froid : suffisamment froid pour entraîner des gelures du nez, des lèvres et (plus grave) des cordes vocales. Quand l’usager, qui est anesthésié, en prend conscience, il est souvent trop tard.
➔ Deuxième raison :
Respirer trop longtemps du protoxyde d’azote non mélangé à de l’oxygène peut s’avérer très dangereux. Bien que n’étant pas inflammable, il est préférable de le tenir éloigné du feu, le protoxyde d’azote favorisant, à l’instar de l’oxygène, la combustion.
LES EFFETS SECONDAIRES CONTROVERSES |
Ils peuvent se résumer aux effets suivants :
– un effet émétisant (vomissement).
– une diminution de la fertilité.
– une augmentation des avortements spontanés.
– une activation des systèmes corticaux et médullaires (effets psychotropes et émétisants).
La recrudescence de l’usage de « gaz hilarant » chez des jeunes lors de soirées festives a
poussé le législateur à voter la Loi n° 2021-695 tendant à prévenir les usages dangereux du protoxyde
d’azote promulguée le 1 er juin 2021.
Protection des mineurs.
D’un point de vue général, il est interdit de provoquer un mineur à faire un usage détourné d’un produit de consommation courante pour en obtenir des effets psychoactifs.
C’est lorsqu’il est vendu sous la forme de cartouches ou de bonbonnes pour la cuisine (siphon de crème à chantilly), que le protoxyde d’azote peut être détourné de son usage initial.
Il est formellement interdit de vendre ou d’offrir du protoxyde d’azote à un mineur quel qu’en soit le conditionnement et quel que soit l’endroit, y compris les grandes surfaces.
Le vendeur doit exiger de l’acheteur qu’il établisse la preuve de sa majorité.
Ainsi, nul ne peut se défendre de ne pas savoir que ce bénéficiaire était mineur au moment de l’achat ou de l’offre.
L’infraction est factuelle et ne demande pas d’établir l’intention coupable de l’auteur du délit.
Lorsque la vente s’effectue par internet, le site de commerce a l’obligation d’indiquer qu’elle est interdite au mineur.
Lieux d’interdiction de vente.
Pour les personnes majeures, la vente de protoxyde d’azote est formellement interdite dans :
UNE EXPOSITION A LONG TERME PEUT ENTRAÎNER : ➔ DES LÉSIONS DES CELLULES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL ET PÉRIPHÉRIQUE. ➔ UNE TORPEUR AVEC PERTE D’ÉQUILIBRE . ➔ DE LA MALADRESSE. ➔ UNE FAIBLESSE GÉNÉRALE VOIRE UNE PARALYSIE DES BRAS ET DES JAMBES. ➔ UNE PERTE DE CONNAISSANCE. ➔ ENFIN, L’INSTALLATION D’UNE DÉPENDANCE PHYSIQUE. |
Des dispositifs de protoxyde d’azote sont observés par le dispositif TREND dès 1999 dans le milieu festif techno alternatif où le produit, aisément disponible, est vendu sous forme de ballon à un prix modique (1 à 2 euros).
Alors qu’ils avaient quasiment disparu au milieu des années 2000, les usages de protoxyde d’azote sont à nouveau bien visibles en free parties et, de façon irrégulière, dans d’autres contextes.