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Alerte sur la cocaïne rose.

Alerte sur la cocaïne rose.



Aussi appelée « pink C » , « tusi » ou « 2CB », la cocaïne rose est un mélange de plusieurs substances : kétamine (souvent), MDMA et caféine.

Commercialisé par les dealers comme une substance d’une qualité supérieure à la cocaïne, le « tusi » est plus une marque qu’une drogue spécifique.

Apparue dans les rues de Colombie vers 2010, cette poudre, teintée par des colorants roses pour la distinguer des autres produits et sentant généralement la fraise, était aussi appelée « tusibi » car elle contenait à l’origine du 2CB, un hallucinogène psychédélique.

De quoi est-elle composée ?

« Ce n’est pas une drogue spécifique, mais un nom commercial qui renvoie à des associations de molécules diverses », précise d’emblée Jean-Michel Delile, psychiatre addictologue et président de Fédération Addiction.

Le plus fréquemment, il s’agit d’un mix de kétamine (un anesthésique) et de MDMA (de l’ecstasy), dans des proportions variables, auquel est ajouté un colorant rose. Une couleur « glamour » qui permet de vendre le produit beaucoup plus cher que de la MD ou de la kétamine.

Un gramme de Pink C coûte entre 60 et 100 euros, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (contre un prix autour de 40 euros pour de la kétamine et 50 euros pour de la MD).

« Dans ce domaine aussi il y a des effets de mode, et là, il y a un vrai côté marketing », analyse l’addictologue.

Le produit, fabriqué par les fournisseurs dans des laboratoires de fortune, change d’un « cuisinier » à l’autre.

Les autorités ont par exemple constaté à plusieurs reprises la présence d’autres drogues comme des benzos, de la méthamphétamine et des cathinones.

Quels sont ses effets et les risques associés ?

Les effets de la cocaïne rose sont donc ceux de la MDMA associés à ceux de la kétamine.

« Avec la MDMA, il y a un effet très stimulant et empathogène, explique Laurent Karila, professeur de psychiatrie et d’addictologie et auteur de Docteur, addict ou pas ? (Éditions Harper Collins).

En gros, ça booste et on aime tout le monde ».

Mais qui dit effets « positifs » dit aussi effets négatifs.

Parmi eux : « une descente horrible sur le plan psychique, avec de l’anxiété, une forte tristesse, des idées suicidaires ».

Dès la première prise de MD, il existe aussi un risque d’hyperthermie pouvant conduire en réanimation et un risque d’hépatite fulminante, une intoxication du foie.

La kétamine, elle, provoque des effets dissociatifs, telles que des hallucinations visuelles, de la dépersonnalisation (l’impression de sortir de son propre corps) et une insensibilité à la douleur.

La dangerosité de la kétamine tient à sa très étroite marge de sécurité.

« Dès qu’on passe en surdosage, on peut avoir des comas, des pertes de connaissance et un vrai risque d’overdose », précise Jean-Michel Delile.

À très haute dose, il existe également un risque de « K-Hole ». Une perte totale de conscience, avec incapacité de bouger, assimilée à une expérience de mort imminente.

Avec ce nom trompeur, le consommateur s’attend à prendre de la cocaïne, une substance provoquant une sensation d’euphorie, un gain d’énergie, une impression de meilleure confiance en soi, mais aussi un risque de paranoïa, d’anxiété et d’idées délirantes.

En snifant de la cocaïne rose, peu de consommateurs connaissent la composition exacte de la poudre.

« C’est l’imprévisibilité du contenu qui contribue à sa dangerosité, insiste le président de Fédération Addiction.

Il faut donc vraiment informer sur cette nouvelle substance à haut risque, dont le nom très marqueté peut attirer des jeunes ».

Qu’en est-il de la présence sur le territoire français ?

« A l’échelle européenne, des signalements concernant la circulation de cocaïne rose ont été faits, en particulier en Italie, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas », explique Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’OFDT.

En France, la pink C a été repérée pour la première fois en 2022 par le dispositif Sintes.

Sa présence restait anecdotique et marginale mais « depuis un an, on en retrouve sur la quasi-totalité du territoire », selon Jean-Michel Delile.

« A chaque sortie, nos équipes trouvent des échantillons de poudre rose, assure le président de Fédération Addiction. Par bonheur, on n’a pas encore eu d’intoxication sévère mais il vaut mieux prévenir. »

Si la pink C se répand dans les milieux festifs alternatifs, telles que les free-parties, elle n’aurait toutefois pas encore fait son arrivée dans les boîtes de nuit et les soirées privées.


Le tucibi, ou tuci, tuci fresa, tussi, tusi encore appelé cocaïne rose est en général un mélange de plusieurs substances psychoactives.

Dans la plupart des cas, il s’agit d’un mélange de kétamine et de MDMA, contenant également parfois de la caféine ou du paracétamol.

Ne vous fiez pas à son nom qui rappelle le 2C-B prononcé en Anglais.

Le tucibi, ce n’est pas de la cocaïne et ça n’a rien à voir avec le 2C-B avec lequel il entretient la confusion par homophonie.

D’après les résultats obtenus par Safer Party (Suisse), les échantillons analysés ne contiennent jamais de cocaïne, et rarement des traces de 2C-B.

Le “tucibi” serait une tentative de copier une partie des effets du 2C-B en mélangeant de la kétamine à d’autres substances.

En Amérique latine, les échantillons de tucibi analysés contenaient divers produits associés à la kétamine : MDMA (3,4-methyl- enedioxymethamphetamine), méthamphétamine, cocaïne, opioïdes et/ou de nouveaux produits de synthèse (NPS).

2C-B

Selon l’observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), le 2C-B est une substance découverte dans les années 1970.

Elle est connue sous le nom chimique 4-Bromo-2,5-dimethoxyphenethylamine.

Le 2C-B est généralement vendu sous forme de poudre. 

Un gramme de 2C-B coûterait entre 120 et 160 euros et un comprimé de 10 mg coûterait donc 1 à 3 euros.

« Le 2C-B est une drogue de synthèse dont le composé est à la fois hallucinogène et stimulant. Sa structure se rapproche ainsi de l’amphétamine et de la mescaline, un hallucinogène issu d’une plante », explique Alexandra Boucher, responsable du centre addictovigilance du CHU de Lyon.

Le 2C-B est donc principalement consommé pour ses propriétés psychédéliques, hallucinogènes (modifications des perceptions sensorielles comme la vue, le toucher, l’ouïe), stimulantes et empathogènes.

D’après l’OFDT, ce produit est surtout consommé par des usagers avertis et amateurs d’hallucinogènes en contexte festif.

L’OFDT explique que, comme d’autres molécules hallucinogènes naturelles, l’intoxication peut se manifester par des symptômes physiques (nausées, vomissements, élévation de la température pouvant aller jusqu’à l’hyperthermie, tachycardie) mais également à travers des effets indésirables psychiatriques (anxiété, paranoïa, état psychotique). Et Alexandra Boucher d’ajouter : « Les hallucinations peuvent être très perturbantes et la personne peut être très agitée et présenter un tableau délirant voire être prise de convulsions. »

Le 2C-B est inscrit sur la convention internationale de 1961 de l’ONU sur les stupéfiants et figure dans l’Arrêté du 22 février 1990 fixant la liste des substances classées comme stupéfiants en France.

Source : Fraddondi & 20 minutes.

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