PLAN |
➔ HISTORIQUE. ➔ PRÉSENTATION. ➔ LE COUPAGE DE L’HÉROÏNE. ➔ LES MODES DE CONSOMMATION. ➔ LES EFFETS DE L’HÉROÏNE. ➔ STATUT LÉGAL. |
L’héroïne qui est issue et très proche de l’opium, est un produit classé dépresseur. Fruit de la recherche médicale et puissant opiacé obtenu à partir de la morphine, il est certainement l’opioïde semi synthétique le plus connu.
HISTORIQUE |
En 1896, en isolant la diacétylmorphine, un chimiste allemand nommé Dresser découvre une substance miraculeuse qui est un dérivé chimique de la morphine.
Ce produit qui est obtenu par acétylation du chlorhydrate de morphine est tellement extraordinaire qu’il est dénommé « héroïque » (appellation attribuée par le fait que la substance est considérée comme susceptible de se substituer à la morphine dans le traitement des douleurs et de la toux).
L’héroïne est rapidement utilisée de manière abusive pour désintoxiquer les dépendants de l’opium et de la morphine. Ainsi, aux Etats-Unis, à la veille de la première guerre mondiale, on estimait à près de 500 000, le nombre de personnes dépendantes à « l’héroïque » qui s’appellera par la suite l’héroïne.
Dès 1912, en droit international, l’héroïne est inscrite sur la liste des substances toxicomanogènes.
En 1923, après avoir été couvert de louanges, le produit est finalement déclaré comme dangereux et de faible intérêt thérapeutique.
En 1924 et avant d’y être totalement interdite en 1956 et en 1963 pour la France, l’utilisation non médicale de l’héroïe est prohibée aux États-Unis.
PRÉSENTATION |
L’héroïne pure se présente comme une poudre blanche cristalline.
Le produit proposé sur le marché qui ne contient que 5 à 10 % de produit pur, se présente sous la forme d’une poudre blanche ou brune et parfois rose.
Connaissant diverses appellations (héro, poudre, blanche, rabla, meumeu …), elle existe généralement sous deux formes :
➔ l’héroïne n° 3 ou Brown Sugar.
➔ l’héroïne n°4 (héroïne blanche).
L’héroïne n°3 et l’héroïne n°4 sont issues de l’héroïne base ou héroïne n°2.
L’héroïne base provient de la morphine base qui fait l’objet d’un chauffage en milieu sulfurique avec de l’anhydride acétique.
Les impuretés sont alors extraites avec de l’acétone, de l’ammoniaque, de l’éther ou du chloroforme. La précipitation des sels par ajout de carbonate de soude qui sont filtrés avec du noir animal permet d’obtenir l’héroïne base.
L’héroïne n° 3 est obtenue à partir de l’héroïne base qui est altérée avec de la strychnine, de la quinine, de la scopolamine, de la caféine et de l’aspirine.
L’héroïne n° 4 provient elle aussi de l’héroïne base qui est dissolue dans l’alcool avant d’être ajoutée avec de l’acide chlorhydrique à chaud. La substance est ensuite purifiée à l’éther, blanchie au charbon de bois ou au noir animal avant d’être mise à sécher sur des plateaux contenant de la chaux.
L’héroïne n° 3 ou Brown Sugar |
A la fin de l’année 1974, un « passeur » chinois est interpellé à l’aéroport de Paris en étant trouvé porteur de quelques kilogrammes d’une autre qualité d’héroïne : l’héroïne n°3 ou Brown Sugar.
La filière asiatique qui est arrivée sur un marché laissé vacant par la French Connection (*) était née et n’a dès lors cessé de croître.
L’héroïne n°3 se présente sous la forme d’une substance granuleuse de couleur grise ou brune, ressemblant à s’y méprendre à de la litière pour chat. Le Brown Sugar contient entre 30 et 35 % d’héroïne.
(*) L’interdiction de l’héroïne a donné naissance aux grandes filières internationales. Pendant de nombreuses années, la France a eu le triste privilège de posséder les meilleurs chimistes pouvant fabriquer une héroïne excessivement pure tirant jusqu’à 90 % (héroïne base). Ces chimistes faisaient alors partie de ces réseaux de trafiquants internationaux qu’on appelait la filière française ou la French Connection qui a été démantelée en collaboration étroite avec la Drug Enforcement Administration.
L’héroïne n°4 |
L’héroïne n°4 ou diacétylmorphine désigne une poudre blanche très fine et légère qui est obtenue par un raffinage un peu plus poussé de la morphine.
Cette héroïne, souvent très pure, nous parvient surtout des laboratoires du Triangle d’Or (aux frontières de la Birmanie, du Laos et de la Thaïlande) mais aussi du Liban, de Syrie et de plus en plus du Pakistan.
La couleur du produit, sa finesse ainsi que sa pureté dépendent du pays d’où elle est originaire (variétés d’héroïne) : blanche et très pure en Thaïlande, brune ou beige en Syrie, au Pakistan ou encore en Iran, blanche au Liban.
LE COUPAGE DE L’HÉROÏNE |
L’héroïne est conditionnée par les revendeurs dans des petits emballages appelés « quepas’ (paquets). La contenance de ces « quepas » est variable et peut aller de 1/8 gramme à 1 ou plusieurs grammes. Le prix du gramme est en fonction de l’offre, de la demande et de la qualité du produit. Le « quepa » se dissimule très facilement entre les doigts.
Le conditionnement de l’héroïne varie aussi en fonction du mode de transport. Ce dernier peut se faire par l’intermédiaire d’un véhicule mais aussi par l’intermédiaire de « mules ». Dès lors, des boulettes sont alors confectionnées pour être destinées à être avalées ou introduites par voie vaginale ou rectale sur des passeurs. Les « mules » se composent d’avaleurs et d’enfonceurs.
➔ Les avaleurs.
Le passeur avale les stupéfiants sous forme de petites boulettes de 1 à 10 grammes qui sont enveloppées de plusieurs couches de latex. Une bonne « mule » peut ingérer jusqu’à un kg. Le passeur va jeûner pendant 48 heures et va ingérer pendant 12 à 16 heures, une centaines de boulettes. Entre deux prises, il absorbe un peu de soupe, de mélasse ou de la confiture mais aussi des protecteurs intestinaux.
➔ Les enfonceurs.
Le passeur s’introduit, de manière rectale ou vaginale, des ovules contenant de la drogue. Le produit compressé en boudin peut atteindre un poids compris entre 100 et 125 grammes et même quelques fois plus. L’enveloppe est constituée de l’intérieur vers l’extérieur d’une feuille de cellophane, de ruban plastique adhésif sur plusieurs épaisseurs et d’un ou plusieurs préservatifs afin de faciliter l’introduction qui est facilitée par l’emploi de corps gras (vaseline, beurre de cacao …).
LES MODES DE CONSOMMATION |
L’héroïne se prise, se fume, s’ingère et s’injecte surtout par voie sous-cutanée ou intraveineuse.
SE PRISE OU SE SNIFFE |
Méthode utilisée par les asiatiques qui mélangent le Brown Sugar à du tabac à priser.
L’héroïne est sniffée notamment par les personnes fréquentant les espaces festifs, pour réguler l’action des drogues psychostimulantes, par son effet analgésique.
SE FUME |
Peu utilisée en France, cette méthode nous vient là encore d’Asie.
Le Brown Sugar peut être consommé à l’aide d’une pipe à opium ou mélangé à du tabac dans une cigarette.
Une autre variante consiste à inhaler la fumée du produit préalablement posé au dessus d’un foyer incandescent : on parle alors d’une consommation en fumette qui est réalisée avec du papier aluminium.
S’INGÈRE |
La Camora Italienne a mis au point des bonbons hallucinogènes contenant de l’héroïne et de la cocaïne.
Ces bonbons qui portent le nom de Totaretti étaient fabriqués dans un laboratoire clandestin de Naples (information journal télévisé de TF1 du 13/01/1992).
Selon une dépêche de l’AFP du 10/08/1996, 8 kilos de bonbons à l’héroïne ont même été saisis dans la région de Bologne (Italie du nord).
Vendus à l’époque entre 50.000 et 100.000 lires l’unité (32 à 65 euros), ils étaient aromatisés au miel ou au caramel. La drogue venait de Turquie. Elle transitait par Milan avant d’arriver dans un laboratoire de Modène. Les bonbons évitent d’avoir recours aux seringues. Les effets de la drogue sont plus longs à se manifester que par injection intraveineuse (15 minutes dans un cas et 1 minute dans l’autre cas). De graves problèmes gastriques sont à craindre.
S’INJECTE |
L’injection est l’utilisation traditionnelle de l’héroïne.
Le toxicomane utilise une seringue hypodermique.
Se faire un « fixe » ou un « shoot » est un langage courant dans le monde des toxicomanes. L’héroïnomane dispose ici d’une cuillère à café noircie car chauffée à l’aide d’une petite bougie ou d’un briquet, d’un garrot, d’un filtre (petit morceau de coton ou filtre de cigarette), d’acide citrique (jus de citron voire vinaigre). Diluant sa dose dans une mesurette d’eau à l’intérieur de la cuillère, il y ajoute le citron avant de pomper le liquide préalablement chauffé à l’aide de la seringue.
L’effet apparaît au bout de 3 à 10 minutes et s’estompe au bout de 5 heures.
LES EFFETS DE L’HÉROÏNE |
Le premier effet immédiat est le flash qui correspond à une explosion de jouissance dans le corps, la tête et l’esprit (orgasme généralisé cinq fois plus rapide que pour la morphine).
A ce flash, succède la planète. Pendant deux ou trois heures, le sujet va baigner dans une semi inconscience où seules les sensations agréables filtreront. A la fin de cette extase, l’héroïnomane est obsédé par le désir de recommencer car le souvenir de ce flash est entêtant.
L’héroïne provoque une dépendance psychique mais aussi physique.
L’héroïnomane porte les traces de ses nombreuses injections intraveineuses car il se produit une sclérose intensive faisant apparaître des stigmates indélébiles sur le tracé veineux.
De plus, le rétrécissement de la pupille, le parler embarrassé, la photophobie (crainte morbide de la lumière), les démangeaisons et l’extrême maigreur s’installent rapidement.
Les conditions d’hygiène n’étant que très rarement respectées, il y a aussi de gros risques d’infections. On a pu enregistrer de nombreuses hépatites à virus, des abcès du poumon et des embolies gazeuses.
Le surdosage, encore plus conne sous l’appellation anglaise d’overdose, est une urgence médicale nécessitant des soins en service de réanimation. Il provoque un coma avec dépression respiratoire, hypothermie, bradycardie et hypotension souvent suivi d’un œdème aigu du poumon amenant la mort par arrêt respiratoire.
L’héroïne crée une pharmacodépendance importante et les troubles de sevrage sont spectaculaires.
Le corps humain fabrique des substances naturelles qui ont été découvertes en 1975 : les enképhalines et endorphines. Ces substances jouent un rôle important dans la transmission des sensations douloureuses. L’arrêt brutal de prise d’une drogue provoquerait une dépression de ce système enképhaline endorphine et les troubles du manque apparaissent accompagnés de sueurs, de contractures musculaires, d’hallucinations et d’anxiété.
Des cas de consommation combinée d’héroïne et de cocaïne (speed ball) ont été également recensés. Sachez qu’à plus ou moins long terme, cette pratique provoque des états de paranoïa.
EFFETS RECHERCHÉS |
Relaxation, apaisement, euphorie, sensation d’extase, aide à la descente pour les utilisateurs de MDMA/Ecstasy. |
EFFETS A COURT TERME |
Forte dépendance physique et psychique qui s’installe rapidement (dès les premières injections). |
Sur le plan physique : nausées, vomissements, ralentissement du rythme cardiaque, baisse de l’amplitude respiratoire, contraction des pupilles, hypothermie, risque de transmission virale, hépatites B – C et sida lors du partage de pailles ou du matériel d’injection, lésions aux points d’injection. |
Sur le plan psychique : état de somnolence, le produit agit comme un anxiolytique puissant et un antidépresseur. |
EFFETS A LONG TERME (en cas d’usage régulier) |
Forte dépendance physique et psychique, marginalisation sociale. |
Sur le plan physique : baisse d’appétit, carences alimentaires, altération de l’état général. |
Sur le plan psychique : troubles de l’humeur, insomnies, apathie. L’arrêt de l’héroïne peut provoquer un syndrome de sevrage, appelé manque, avec douleurs physiques et souffrances psychologiques intenses. |
STATUT LÉGAL |
L’héroïne est une drogue classée parmi les stupéfiants.
L’usage est interdit : l’article L3421-1 du Code de la Santé Publique prévoit des amendes (jusqu’à 3 750€) et des peines de prison (jusqu’ à 1 an).
L’incitation à l’usage et au trafic et la présentation du produit sous un jour favorable sont interdites : l’article L3421-4 du Code de la Santé Publique prévoit des amendes (jusqu’à 75 000€) et des peines de prison (jusqu’à 5 ans).
Les actes de trafic sont interdits : les articles 222-34 à 222-43 du Code Pénal prévoient des amendes (jusqu’à 7 500 000 €) s’accompagnant de peines de prison (jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle).