Les poppers.
Présentation du produit
| PLAN |
➔ UTILISATION DES NITRITES. ➔ LES EFFETS. |
Utilisés depuis plus d’une trentaine d’années comme aphrodisiaques dans les milieux artistiques de New York, les poppers ont vu leur usage se développer de façon importante au États-Unis où plusieurs milliers de flacons y sont vendus chaque année (soit 90.000 litres environ).
Le mot « POPPERS » vient de « POP », bruit d’une ampoule qui se brise.
Présentés le plus souvent comme des désodorisants d’atmosphère ou des encens liquides, les poppers sont un mélange de nitrites de butyle ou d’isobutyle en solution à 90% dans de l’éthanol et des essences végétales (solution permettant de diminuer leur volatibilité).
Ces nitrites sont des nitrites d’alkyle, c’est-à-dire des esters aliphatiques de l’acide nitreux, donc volatils, inflammables et très légèrement solubles dans l’eau.
Les poppers sont commercialisés en France dans les sex-shops par flacons de 5 à 10 millilitres, sous diverses appellations déposées : RUSH, BOLT, THRUST, QUICK SILVER, HARD WARVE , JOLT, LOCKER ROOM, JACK HAMMER
Ces flacons contiennent un liquide limpide, légèrement teinté en jaune et à la forte odeur caractéristique des nitrites aliphatiques.
Frais, ils ont une odeur sucrée mais sentent mauvais lorsqu’ils sont éventés.
Les prix varient de 20 à 25 euros le flacon.
Les niveaux d’expérimentation des poppers sont élevés et en progression : 7.3 % des 18-64 ans en avaient consommé au cours de leur vie en 2014, contre 8.7 % en 2017. L’usage de poppers au cours de la vie concerne, à 17 ans, près de un adolescent sur dix (8.8 % en 2017 contre 5.4 % en 2014).
Les poppers sont aujourd’hui un des produits psychoactifs le plus expérimentés par les jeunes de 17 ans, après l’alcool, le tabac et le cannabis.
| UTILISATION DES NITRITES |
De façon générale, les nitrites peuvent être utilisés avec trois finalités différentes.
| Une finalité industrielle |
Les nitrites volatils s’emploient soit comme des intermédiaires dans les synthèses chimiques, soit comme composants odorants dans l’industrie du parfum, soit comme additifs aux carburants pour avion.
| Une finalité médicale |
Le nitrite d’amyle s’utilise depuis plus d’un siècle en médecine comme vasodilatateur dans tous les cas d’insuffisance coronarienne (angine de poitrine).
Toutefois, des dérivés beaucoup plus fiables mis au point au cours de ces dernières années ont fait tomber le nitrite d’amyle dans l’oubli.
| Une finalité récréative |
Certains inhalent des nitrites à des fins d’altération des états de conscience, plus particulièrement dans les situations où l’on souhaite lever toutes les inhibitions (rapports sexuels par exemple).
Inhalés juste avant l’orgasme, les poppers semblent intensifier les perceptions.
Ils provoquent également un relâchement des muscles involontaires, dont les sphincters, qualité appréciés par les homosexuels.
| LES EFFETS |
| À court terme … |
Les effets vertigineux et stimulants des poppers sont immédiats car les veines et les artères se dilatent.
Une brève inhalation du produit entraîne un état d’éblouissement et/ou d’étourdissement qui lève toutes les inhibitions de l’usager.
La sensation de chaleur qui envahit le corps est ressentie comme une forte sensation orgasmique.
| Sur le plan psychique … |
Sur le plan psychique et comportemental, on constate qu’une brève inhalation de nitrites suffit à provoquer un état passager d’éblouissement et/ou d’étourdissement qui s’accompagne d’une suppression quasi-totale des inhibitions.
Cet inhalation peut être à l’origine d’un bref état d’abandon (quelques dizaines de secondes) qui, lorsqu’il se situe dans le cadre d’un rapport sexuel, intensifie les sensations orgasmiques.
| À plus ou moins long terme … |
Au vu des effets à plus long terme que l’on peut constater, l’inhalation chronique de ces nitrites n’apparaît pas comme anodine.
Certes, on a pu démontrer que l’inhalation chronique de nitrites entraînait un processus de tolérance ou un état de dépendance.
Toutefois, des anémies (dues au fait que les nitrites oxydent l’hémoglobine du sang en la transformant en méthémoglobine qui n’est plus capable de transporter l’oxygène) et des dermatites faciales (connues sous le nom de « POPPERS DERMATITIS » aux États-Unis) peuvent faire suite à un usage chronique.
En général, ces manifestations régressent spontanément avec l’arrêt de la consommation.
Les poppers qui sont vendus en France ne contiennent pas de nitrites d’amyle mais des nitrites de butyle et/ou d’isobutyle.
Depuis le décret 90-724 du 26 mars 1990, la vente ou la distribution gratuite au public des produits dits « poppers » contenant des nitrites de butyle et de pentyle ou leurs isomères est interdite en France.
Retrouvant finalement un statut légal en 2013 (décision du Conseil d’Etat n° 35248 qui annule l’arrêté du 29 juin 2011 interdisant la vente et la cession au public (les nitrites précités restant interdits)), aujourd’hui les poppers sont vendus en bureau de tabac, dans les sex-shops, dans certains établissements festifs et sur Internet.
Toutes infractions a ces dispositions est réprimée par une peine d’amende (contravention).
Ce produit est particulièrement prisé dans milieux homosexuels, mais sa connotation d’euphorisant sexuel le rend très attrayant pour une clientèle en quête de sensations nouvelles et inédites.
Les récentes observations menées par le dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND) de l’OFDT en milieu festif indiquent une augmentation de la présence de ces substances et de nouvelles pratiques, comme la dilution des poppers dans des boissons gazeuses qui sont inhalées.
Le poppers représente une barrière psychologique que l’on décide de franchir ou non.
Ainsi, les jeunes qui tentent l’expérience du poppers trouvent (souvent inconsciemment) une porte ouverte vers d’autres voire de véritables drogues.
Cette substance étant banalisée, ils partent alors du principe qu’ils ont franchi un palier et qu’ils peuvent passer à la vitesse supérieure : le cannabis, l’ecstasy ou même la cocaïne.
Les dangers liés au poppers ne doivent pas être négligés, même lorsque leur usage est occasionnel.
En effet, avoir choisi de prendre du poppers, c’est avoir dit « oui » à une substance chimique susceptible d’engendrer des effets secondaires et donc, prendre volontairement des risques pour sa santé.
Il est donc impératif de sensibiliser les plus jeunes afin qu’ils ne soient pas tentés par l’expérience du poppers.
L’association de poppers avec certains médicaments, fréquente chez certains usagers, potentialise les risques d’accidents cardiovasculaires. Par ailleurs, leur usage chronique peut entraîner une dermite de contact qui se traduit par des lésions nasales et du visage et parfois par la survenue d’une anémie due à l’altération des globules rouges (méthémoglobinémie). Entre janvier 2011 t novembre 2015, les services d’addictovigilance français ont recensé 30 cas graves de méthémoglobinémies liés à l’usage de poppers, deux cas graves d’altération visuelle et trois décès pour lesquels une cyanose avec méthémoglobinémie a été constatée. Des cas de dépendance ont par ailleurs été rapportés. |