La toxicomanie est la rencontre d’un individu avec un produit dans un moment socioculturel particulier. Excellente formule si l’on comprend les trois termes de la proposition.
Par individu, il faut entendre : ➔ un adolescent. ➔ un adulte en construction. ➔ une période de mutation, de fragilité : une période à risques. |
Par produit, il faut entendre : ➔ un stupéfiant toxique. ➔ une action spécifique sur le cerveau entraînant la dépendance et la déstructuration de la personnalité. ➔ une offre large car le marché est fructueux. |
Par moment socioculturel particulier, il faut entendre : ➔ un affaiblissement voire une disparition des valeurs de référence. ➔ une suppression des interdits donc une suppression de la protection des jeunes et des faibles. |
POURQUOI OU PLUTÔT COMMENT UNE PERSONNE DEVIENT ELLE TOXICOMANE ? |
Pour partir à la conquête de son identité, l’adolescent doit se démarquer de sa famille.
C’est avec ses amis qu’il va désormais partager ses interrogations, refaire le monde, oser dévoiler des fragments de son jardin secret, faire ses premières expériences amoureuses et transgresser les interdits.
Avec son meilleur ami ou la bande de copains, il cherche à cerner qui il est, ce à quoi il voudrait ressembler.
Lui aussi est déconcerté par ces changements qui le bouleversent. Il accumule les expériences, cherche à éprouver la réalité des règles de vie énoncées par les adultes et la société :
C’EST L’ ÂGE DU COMPORTEMENT À RISQUES !
L’adolescence n’est pas la seule période, la seule cause ou la seule raison incitant un individu à consommer.
Il y a hélas bien d’autres facteurs ne pouvant nullement se limiter à ceux que nous citons ici.
On peut par exemple consommer : parce qu’on se sent mal, à l’occasion, par curiosité, pour faire comme les autres, parce qu’on trouve excitant de faire ce qui est interdit, parce qu’on n’arrive pas à surmonter ses problèmes (familiaux, au collège, au lycée, dans le quartier), pour combler un sentiment de vide, d’ennui, de solitude, de déprime, d’angoisse …
Il y a diverses façons de consommer et ceux qui se droguent prennent toujours des risques car qui est sûr au départ de pouvoir s’en arrêter là ?
Face aux problèmes ou aux diverses situations que nous venons d’évoquer, la drogue devient alors une potion magique qui semble aplanir les difficultés … jusqu’au jour où l’on réalise que les problèmes, loin d’être résolus, se sont aggravés : les relations avec la famille et avec les autres se sont détériorées, mon expérience a engendré un usage régulier responsable d’une accoutumance avant de devenir une dépendance …
Exclu de la société, au bout du compte, on se sent piégé.
FOCUS SUR LES JEUNES |
L’adolescence est la principale période d’initiation aux produits psychoactifs : les premiers usages interviennent dès le collège et tendent à s’installer et à se diversifier au fil des années, avec des risques accrus liés notamment au développement cérébral (maturation jusqu’à 25 ans). A l’image de ce que l’on observe dans la population adulte, les trois principaux produits psychoactifs consommés à l’adolescence sont l’alcool, le tabac et le cannabis : à 17 ans, sur dix jeunes, neuf ont déjà bu de l’alcool, six ont essayé la cigarette et quatre ont expérimenté le cannabis. A cet âge, seule une minorité de jeunes n’a pris aucune de ces trois substances (12%), ce qui traduit la forte accessibilité des substances psychoactives (licites ou illicites). Le champ de ces initiations de jeunesse s’est récemment étendu à de nouveaux comportements comme la chicha et la cigarette électronique, toutes les deux expérimentées par la moitié des jeunes de 17 ans. Si la majorité des expérimentations de tabac, d’alcool et de cannabis restent limitées (dans le temps et dans les quantités consommées), une proportion non négligeable d’adolescents peuvent développer des usages susceptibles d’affecter leur scolarité, leur développement ou, à plus long terme, leur santé et leurs capacités cognitives. A 17 ans, un quart des jeunes fument quotidiennement des cigarettes (25 %) et près d’un sur dix déclare avoir consommé de l’alcool et/ou du cannabis au moins 10 fois dans le dernier mois (respectivement 8 % et 7 %). Enfin, 7.4 % des jeunes de cet âge présentent un risque élevé d’usage problématique de cannabis. Les tendances d’évolution des consommations de drogues varient selon les produits et les classes d’âge. Dans l’ensemble de la population (jeune et adulte), la baisse se confirme pour les deux produits les plus répandus : l’alcool et plus récemment le tabac. En revanche, la proportion d’usagers de cannabis progresse parmi les adultes, traduisant à la fois le vieillissement des générations ayant expérimenté ce produit dans sa période de forte diffusion (à partir des années 1990) et le ralentissement des initiations au cannabis chez les plus jeunes même si … … Même si au sein de l’Union Européenne, la France se distingue par ses niveaux de cannabis élevés, en particulier parmi les jeunes, comparables même aux pays les plus consommateurs du monde (États-Unis et Canada). En 2017, quatre jeunes de 17 ans sur 10 en avaient déjà fumé et une part non négligeable (8 %) en avait consommé 10 fois ou plus au cours du dernier mois. Cette singularité perdure depuis les années 2000. Elle est particulièrement affirmée parmi les filles des plus jeunes générations (plus de 20 % de consommatrices dans l’année entre 15 et 24 ans, cette part dépassant rarement 15 % dans les autres pays européens). |
POURQUOI – COMMENT ? |
La réalité des premiers usages de drogue peut être différente des cas stéréotypés car souvent, l’intermédiaire entre un produit illicite et un jeune, présentera des traits familiers et rassurants. Ceux d’une personne amie, des copains, n’autorisent pas la même réaction de méfiance.
Ensuite, l’aspect et le mode de consommation paraîtront eux aussi familiers. Un joint de cannabis ressemble par exemple à une cigarette de tabac et se fume comme elle. Un comprimé d’ecstasy se présente comme un comprimé d’aspirine et s’avale de la même façon.
Enfin, le langage employé peut séduire et attirer. Un jeune, s’il se voyait proposer du delta 9 tétrahydrocannabinol ou une amphétamine de type MDMA trouverait peut-être matière à suspicion. Mais le teuch, la beu, le pétard, un oinj, un trois feuilles, un bonbon, une pilule d’amour agrémentée de dessins attractifs … lui permettra de décoder positivement.
Dans 95% des cas, le premier contact avec un produit stupéfiant se traduira par le premier « joint convivial ». Le phénomène de groupe, le souhait de faire comme tout le monde dès la première cigarette ou le premier verre d’alcool, le fait de société dans lequel il ne faut pas avoir l’air ringard … joueront pleinement leurs rôles.
Au niveau des statistiques, 85 à 90% des individus arrêteront après les deux ou troisièmes expériences. En fait, 10 à 15% des consommateurs continueront pour passer au stade n° 2 qui est une utilisation occasionnelle devenant plus fréquente et c’est un danger, LE DANGER.
Les raisons de cette consommation plus régulière seront alors motivées par les objectifs suivants :
➔ retrouver un plaisir.
➔ retrouver la sensation d’un bien être voire de l’appartenance à un groupe.
➔ lever les inhibitions propres à l’adolescence.
➔ impression d’avoir trouvé réponse au problème de l’adolescence.
➔ problème social, familial, sentimental, professionnel.
➔ chômage et désespérance de l’avenir.
➔ etc.
MAIS LES RACCOURCIS VERS LE BONHEUR DÉBOUCHENT SUR UNE IMPASSE CAR LES DROGUES N’APPORTENT PAS DE RÉPONSE AUX PROBLÈMES. AU CONTRAIRE, ON RETROUVE :
➔ UNE FRAGILISATION (SANTÉ & ARGENT).
➔ UNE INHIBITION DE LA VOLONTÉ.
➔ UN REPLI SUR SOI-MÊME.
➔ UNE DÉSINSERTION SCOLAIRE ET SOCIALE.
➔ UNE AGGRAVATION DES PROBLÈMES.
➔ UNE ESCALADE ET UNE ACCOUTUMANCE CAR LE BESOIN DE PRODUIT EST DE PLUS EN PLUS FRÉQUENT POUR DES DOSES DE PLUS EN PLUS FORTES POUR OBTENIR LE MÊME EFFET OU PRESQUE. LE MANQUE DEVIENT PERMANENT ET LE TOXICOMANE EST TOUJOURS A LA RECHERCHE DU PRODUIT.
À LONG TERME, IL N’Y A PAS DE DROGUÉ HEUREUX ! IL N’Y A PAS DROGUÉ HEUREUX CAR LA NOTION DE PLAISIR DISPARAÎT POUR LAISSER PLACE À UN MANQUE (PHYSIQUE ET/OU PSYCHIQUE) QUAND CE N’EST PAS PARFOIS LES DEUX. AU DÉBUT, JE CONSOMMAIS DANS UN CONTEXTE « FESTIF », POUR AVOIR UN EFFET « POSITIF » MAIS L’ACCOUTUMANCE VOIRE LA DÉPENDANCE SE SONT PLUS OU MOINS INSTALLÉES ET DÉSORMAIS, JE CONSOMME POUR COMBLER UN MANQUE, NON PAS POUR ALLER BIEN MAIS POUR NE PLUS ALLER MAL ! |