La drogue la plus dangereuse c'est ...
Lorsque je demande, lors de mes interventions, de me définir ce qu’est une drogue, on me répond toujours que c’est un produit qui « rend accroc, addict, dépendant ».
La dépendance est le premier des quatre dangers d’une addiction.
C’est une conséquence et donc un problème.
C’EST MÊME LE PREMIER DES PROBLÈMES.
Cette conséquence est un début de réponse à notre question cruciale …
| PLAN |
➔ RAPPEL DE LA DÉFINITION D’UNE DROGUE ➔ LE PROBLÈME DE L’ADDICTION … ➔ L’USAGE NOCIF OU ABUS – LA DÉPENDANCE – L’USAGE PROBLÉMATIQUE ➔ NI LIBRES – NI ÉGAUX ➔ LA DROGUE LA PLUS DANGEREUSE C’EST … ➔ LES TROIS AUTRES DANGERS |
| RAPPEL DE LA DÉFINITION D’UNE DROGUE |
Un produit stupéfiant est une drogue produisant un engourdissement des centres nerveux.
Une drogue peut être définie comme étant un produit naturel ou synthétique dont l’usage peut être légal ou non, consommé en vue de modifier l’état de conscience et ayant un potentiel d’usage nocif, d’abus ou de dépendance.
Nous savons aujourd’hui que toutes les drogues agissent sur le cerveau selon les mêmes modalités (drogues licites et illicites).
En matière de toxicomanie, vous rencontrerez souvent le terme de substance psychoactive.
L’alcool, le tabac, le cannabis, l’héroïne, la cocaïne … sont des substances psychoactives et donc des drogues car elles agissent sur le cerveau en modifiant :
➔ LE COMPORTEMENT.
➔ L’ACTIVITÉ MENTALE.
➔ LES SENSATIONS.
| LE PROBLÈME DE L’ADDICTION … |
Le problème de l’addiction c’est la dépendance car la dépendance c’est un problème de dérèglements.
En effet, l’ingestion de drogues provoquent une série de dérèglements cérébraux qui interagissent entre eux.
Outre la sécrétion accrue de dopamine qui engendre un bien être passager en activant le circuit de la récompense, des déséquilibres plus ou moins durables s’installent en favorisant la dépendance.
➔ Au niveau des glandes surrénales.
En cas de stress répété, les glandes surrénales libèrent des hormones qui stimulent le circuit de la récompense, circuit qui produit de la dopamine en devenant hyper sensible aux drogues.
➔ Au niveau du couplage noradrénaline-sérotonine.
Le couplage régule la dopamine.
La drogue suractive ce couplage en provoquant une sécrétion accrue plus (+) une sur-stimulation du cortex préfrontal (le siège de prise de décisions).
Conséquence : décision de reprendre de la drogue et mal être se conjuguent.
➔ Au niveau de la jonction neuronale.
À la longue, les neurones s’adaptent à la prise de drogues, c’est la tolérance qui engendre des doses de plus en plus fréquentes et de plus en plus fortes pour obtenir le même effet ou presque.
➔ Au niveau du rétrocontrôle dopaminergique.
Les drogues épuisent le garde fou assuré par d’autres neurones censés limiter la sécrétion de dopamine.
Conséquence : effet de la drogue et dépendance augmentent.
| L’USAGE NOCIF OU ABUS – LA DÉPENDANCE – L’USAGE PROBLÉMATIQUE |
En matière de comportement, deux diagnostics cliniques sont à distinguer :
➔ l’usage nocif ou abus.
➔ la dépendance.
| L’USAGE NOCIF OU ABUS |
L’usage nocif ou abus est entendu comme une consommation qui implique ou peut impliquer des dommages de nature sanitaire, sociale ou judiciaire.
Les concepts d’usage nocif et d’abus impliquent une répétition du comportement.
| LA DÉPENDANCE |
La dépendance est entendue comme un comportement psychopathologique au delà de la seule dépendance physique.
C’est un ensemble de situations qui résulte d’une consommation.
Les principaux critères contribuant à sa définition sont :
➔ le désir compulsif du produit.
➔ la difficulté de contrôler sa propre consommation.
➔ la prise de consommation pour éviter le syndrome du sevrage.
➔ le besoin d’augmenter les doses pour atteindre le même effet ou presque.
➔ la place centrale prise par le produit dans la vie du consommateur.
| L’USAGE PROBLÉMATIQUE |
Le terme d’usage problématique englobe ceux d’abus et de dépendance.
➔ Usage régulier :
10 usages ou plus au cours des 30 derniers jours.
➔ Usage quotidien :
consommation renouvelée chaque jour.
| NI LIBRES – NI ÉGAUX |
Elle fume dès le réveil, trente cigarettes par jour en moyenne avec des pointes à deux paquets.
Lui n’allume sa première cigarette et unique cigarette quotidienne qu’après le repas du soir, avec un peu de cannabis, pourquoi pas …
Par contre, il n’envisage pas de dîner à l’eau quand elle ne boit qu’en de rares occasions.
Il y a elle, il y a lui et il y en a d’autres …
On pourrait parler de ceux qui seraient privés de sommeil sans le petit cachet qui aide à dormir, du joueur qui n’imagine pas de rater un tirage du loto ou encore du sportif prêt à rogner sur son sommeil pour sa petite heure quotidienne de jogging.
Sans oublier bien sûr, les prêt à tout pour un shoot d’héroïne ou une ligne de cocaïne.
Des drogués tous ceux là ?
Oui, à leur manière car tous privés de la liberté de s’abstenir.
La volonté de s’affranchir de cette dépendance pour certains va prendre le pas.
D’autres vont y parvenir et d’autres vont échouer.
Affaire de volonté ?
Pas seulement car tous les drogués ne se valent pas, tous ne sont pas égaux face à leur addiction.
La détermination à en finir n’explique pas tout et c’est établi.
D’autres facteurs, biologiques ceux-là, interviennent pour expliquer les vulnérabilités individuelles.
Nous ne sommes donc ni libre, ni égaux face à la drogue.
Cela ne tient pas seulement aux substances prises ni à l’histoire personnelle MAIS à l’étrange chimie de notre cerveau parée pour l’addiction.
COMMENT EXPLIQUER ALORS UN COMPORTEMENT AUSSI COÛTEUX EN TERMES DE SANTÉ, D’ARGENT ET MÊME DE TEMPS ?
➔ 1ER POINT : La question du goût joue un rôle prépondérant au départ d’une addiction. |
➔ 2ÈME POINT : La dépendance est liée à la quantité et à la qualité de la substance absorbée ainsi qu’à sa durée d’exposition. |
➔ 3ÈME POINT : Certains sont plus vulnérables que d’autres. Des observations cliniques et des études médicales fondées établissent que l’exposition précoce renforce la vulnérabilité à la dépendance au produit et même à d’autres. La période fœtale est donc déterminante comme l’adolescence est une période cruciale. |
➔ 4ÈME POINT : Les facteurs de prédispositions (génétiques) jouent également un rôle. Ce 4ème point est liée au 3ème lequel est lié aux deux premiers. |
| LA DROGUE LA PLUS DANGEREUSE C’EST … |
Il y a diverses façons de consommer et ceux qui se droguent prennent toujours des risques car qui est sûr au départ de pouvoir s’en arrêter là ?
Parce que vous avez goûté et parce que vous avez aimé ce que vous avez goûté, vous avez consommé à nouveau.
Le problème de l’addiction c’est la dépendance car la dépendance c’est un problème de dérèglements.
L’ingestion de drogues, nous l’avons dit, provoquent une série de dérèglements cérébraux qui interagissent entre eux et l’installation de déséquilibres plus ou moins durables favorise la dépendance.
La drogue avec un grand D ça n’existe pas.
Ce qui existe, ce sont des produits différents qui agissent différemment sur des individus différents.
La question de la dangerosité est aussi voire surtout une question de la dangerosité des comportements de consommation.
On ne peut être addict qu’à une chose qu’on aime.
La question du goût joue vraiment un rôle déterminant au départ d’une addiction.
LA DROGUE LA PLUS DANGEREUSE C’EST CELLE QUE VOUS ALLEZ AIMER ! ON USE, ON ABUSE, ON NE S’ACCOUTUME QU’A UN PRODUIT QUE L’ON APPRECIE ET QUI SERA A L’ORIGINE DE CE DEREGLEMENT CEREBRAL QUI FAVORISERA LA DEPENDANCE. |
Souvenez vous :
➔ Au niveau de la jonction neuronale, à la longue, les neurones s’adaptent à la prise de drogues, c’est la tolérance.
Par tolérance, il faut entendre une accoutumance qui engendre une hausse de consommation pour des doses de plus en plus fréquentes et de plus en plus fortes pour obtenir le même effet ou presque.
➔ Au niveau du rétrocontrôle dopaminergique : les drogues épuisent le garde fou assuré par d’autres neurones censés limiter la sécrétion de dopamine.
CONSÉQUENCE : EFFET DE LA DROGUE ET DÉPENDANCE AUGMENTENT.
PLUS J’EN USE, PLUS J’EN ABUSE !
| LES TROIS AUTRES DANGERS |
Nous venons de commenter le premier danger que représente la dépendance.
Évoquons désormais ceux, constitués selon mon expérience, par :
➔ LA FAMILIARITÉ.
➔ LA COMPOSITION.
➔ LES FRÉQUENTATIONS.
| LA FAMILIARITÉ |
La réalité des premiers usages de drogues peut être différente des cas stéréotypés car souvent, l’intermédiaire entre un produit illicite et un jeune, présentera des traits familiers et rassurants.
Ceux d’une personne amie, des copains, d’un cousin, d’un frère ou d’une sœur, d’un petit ami n’autorisent pas la même réaction de méfiance.
Ensuite, l’aspect et le mode de consommation paraîtront eux aussi familiers.
Un joint de cannabis ressemble par exemple à une cigarette de tabac et se fume comme elle. Un comprimé d’ecstasy se présente comme un comprimé d’aspirine et s’avale de la même façon.
Enfin, le langage employé peut séduire et attirer.
Un jeune, s’il se voyait proposer du delta 9 tétrahydrocannabinol, du THC, une amphétamine de type MDMA, de la MDMA trouverait peut-être matière à suspicion.
Mais le teuch, la beu, le pétard, un oinj, un trois feuilles, un bonbon, un taz, un X, une pilule d’amour agrémentée de dessins attractifs … lui permettra de décoder positivement.
| LA COMPOSITION |
Un produit stupéfiant est rarement un produit naturel qui se compose de cinq éléments : un élément précurseur, une substance chimique essentielle, des réactifs, des solvants, un catalyseur (➔ cf. Généralités – Qu’est-ce qu’un produit stupéfiant).
En France, deux catégories de produits : les produits licites et les produits illicites.
Les drogues licites se caractérisent par toutes les substances réglementées dont l’usage, la vente voire la composition se font selon un cadre établi.
Les drogues illicites regroupent un ensemble de substances très différentes par l’absence de réglementation en termes de composition, de forme, d’effets et donc de risques pour la santé.
En matière de stupéfiants, le terme overdose est impropre et il faut parler de surdose.
C’est plus la qualité du produit qui est en jeu, rarement la quantité.
En effet, le toxicomane ne dispose généralement pas des moyens financiers pour acheter plus. Il est dans la gestion pour ne pas dire la galère financière pour assouvir sa consommation régulière voire quotidienne. Il dépensera ce qu’il a l’habitude de dépenser.
Pour des raisons diverses (nouvelle composition, changement de fournisseur, arrestation de son revendeur …), il pourra consommer un produit différent et réagir à cette nouvelle composition, à cette nouvelle qualité.
Dans le cas d’une surdose, il y a deux conséquences : soit la personne décède, soit il y a des séquelles (épileptique).
Ici, la perte du quotient intellectuel peut être irréversible et entraîne une débilité plus ou moins forte.
Les risques pour la santé sont liés à la composition d’un produit qui n’est pas réglementé et donc pas encadré.
Aucun usager n’est à l’abri de réagir à cette inconnue.
À titre d’exemple, j’ai pu saisir de l’héroïne qui était coupée avec du ciment. Intéressant en terme de poids et donc de gains pour le revendeur, plus inquiétant sur le plan de la santé.
| LES FRÉQUENTATIONS |
Un drogué fréquente des drogués qui parlent de drogues.
Cette fréquentation est clairement incitative car c’est le produit qui vous réunit.
Ce n’est pas parce que je consomme du cannabis que je vais forcément devenir héroïnomane, cocaïnomane ou que sais-je encore. Par contre, le risque de basculer existe et si nous ne basculez pas, vous serez certainement tenté de consommer plus, plus souvent …
Lorsque l’on veut aider une personne à s’en sortir, il faut toujours s’intéresser à ce qui se passe dans son entourage. Il est alors de bon conseil de l’éloigner de ses fréquentations, et pour cause …
LA DROGUE LA PLUS DANGEREUSE C’EST CELLE QUE VOUS ALLEZ AIMER. À CAUSE DES DÉRÈGLEMENTS CÉRÉBRAUX QU’ELLE PROVOQUERA, ELLE ENGENDRERA UNE ACCOUTUMANCE QUI PROVOQUERA UNE HAUSSE DE CONSOMMATION POUR DES DOSES DE PLUS EN PLUS EN FRÉQUENTES ET DE PLUS EN PLUS FORTES POUR OBTENIR LE MÊME EFFET, OU PRESQUE. C’EST L’ABUS QUI EST NOCIF ET LORSQU’ON EST DÉPENDANT, ON A PERDU LA LIBERTÉ DE S’ABSTENIR. ON CONSOMME NON PAS POUR ALLER BIEN MAIS POUR NE PAS ALLER MAL, POUR COMBLER UN MANQUE. JE N’AI JAMAIS RENCONTRÉ DE DROGUÉ HEUREUX, ET POUR CAUSE ! |