Le mardi 29 octobre 2024, la ministre de la Santé a annoncé l’interdiction des pouches, ces sachets de nicotine consommés dès le collège. Il peut rendre les jeunes dépendants à la nicotine, prévient un tabacologue.
Publié le 30/10/2024
Les pouches sont vendues en France au prix de 5 euros pour un lot de 20 sachets (illustration).
(ROBERT MICHAEL / DPA)
Les « pouches », ces petits sachets de nicotine à placer contre la gencive et que les jeunes consomment de plus en plus, vont être interdits à la vente dans les prochaines semaines.
En cause : ces « pouches », des sachets de nicotine jetables aux goûts divers, parfois utilisés comme moyen de sevrage du tabac, sont devenus la dernière tendance des jeunes, voire des très jeunes. À la sortie des cours, des adolescents, parfois dès le collège, s’échangent ces sachets très bons marché, d’un montant moyen de 5 euros le lot de 20.
« Les centres anti-poisons reçoivent de plus en plus d’appels » |
« Le gouvernement a décidé d’interdire ces produits qu’il s’agisse des sachets contenant de la nicotine à placer dans la bouche, contre la gencive ou sous la langue, mais aussi des produits similaires, qui sont tout aussi problématiques, sous la forme de gommes ou de billes », annonce ainsi la ministre de la Santé. « Les centres anti-poisons reçoivent de plus en plus d’appels d’adolescents pour des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères en lien avec la consommation des ‘pouches’« , précise Geneviève Darrieussecq pour justifier cette décision.
Des chiffres constatés par l’Anses, fin 2023, qui précisait alors que « ces sachets en tissu perméable ne contiennent pas de tabac, mais des fibres de polymères imprégnées de nicotine. Ces produits n’entrent actuellement dans aucune règlementation spécifique en France ou en Europe. Par leur présentation, ils peuvent être confondus avec du Snus, du tabac sous forme de sachet à usage oral interdit partout en Europe, excepté en Suède« .
« On a des phénomènes de mode de nouveaux produits de nicotine qui ont pour but de laisser les jeunes addicts à la nicotine, une substance qui n’a aucun intérêt », constate pour sa part le professeur Bertrand Dautzenberg, tabacologue à l’institut Arthur Vernes à Paris. Et sans l’interdiction, cette nouvelle mode pourrait rapidement prendre de l’ampleur, car, « aux États-Unis, la ‘pouche’ dépasse la cigarette électronique dans certains États », a-t-il remarqué.
« Des caresses de nicotine » |
Mais l’addiction semble moins forte avec ces « pouches » qu’avec la cigarette, selon l’ancien pneumologue de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « La cigarette, c’est des claques de nicotine », quand les autres produits, comme les substituts nicotiniques, s’apparentent plutôt à « des caresses de nicotine au niveau du cerveau ». En revanche, « si on les avale directement, il peut y avoir un effet beaucoup plus direct de la nicotine », avec des vomissements, prévient Bertrand Dautzenberg.
C’est d’ailleurs le danger pointé par la ministre de la santé : Geneviève Darrieussecq évoque des cas de « convulsions, d’hypotensions voire des troubles de la conscience » provoqués par un taux trop élevé de nicotine.
Dans son communiqué de novembre 2023, l’Anses fait état de personnes intoxiquées âgées entre 12 et 17 ans, dont certaines d’entre elles ont été directement signalées par le personnel d’établissements scolaires.
L’agence de santé alertait par ailleurs sur le fait que « le nombre des cas est probablement sous-estimé » et que la publicité de ces produits restait « importante sur les réseaux sociaux ciblant les jeunes consommateurs ».