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Cocaïne : les ressorts d’une addiction.


La consommation de cocaïne ne cesse d’augmenter en France selon le dernier rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) : 1,1 million de Français auraient consommé de la cocaïne au moins une fois lors de ces 12 derniers mois… Un nombre qui inquiète…

Avec : Gladys Lutz Nale Directrice STUPP (Santé Travail Usages de psychotropes et Prévention), docteure en psychosociologie du travail & Guillaume Airagnes Directeur de l’OFDT, Psychiatre et addictologue.


Comment expliquer l’augmentation de la consommation de la cocaïne en France ces dernières années ? Le phénomène est important.

On parle de boum, d’explosion et il se mesure avec ce chiffre. 1,1 million de Français… auraient consommé au moins une fois de la cocaïne au cours des 12 derniers mois, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives.

Cela représente un adulte sur 10, c’est surtout presque deux fois plus que par rapport au dernier rapport publié en 2017.

Alors quelles sont les raisons de cette explosion qui inquiète notamment dans le monde du travail ?

Quels sont ces nouveaux consommateurs ?

Parle-t-on d’addiction, de dépendance ?

Quel lien peut-on faire avec la santé mentale des Français ?

Et peut-on dire que la cocaïne s’est démocratisée ? Et avec quels risques ?

Une cocaïne moins chère et plus pure dont la production ne cesse d’augmenter

Selon l’enquête menée par l’OFDT, l’Observatoire Français des drogues et des tendances addictives, non seulement la production a doublé en 10 ans, mais le prix de la cocaïne a aussi baissé si l’on tient compte de l’inflation de ces dernières années.

De plus, la cocaïne, telle qu’elle est consommée aujourd’hui elle atteint 70%, voire 90%, de pureté. Selon le directeur de l’Observatoire Guillaume Airagnes, ceci traduit « une offre pléthorique qui permet de retrouver au détail une cocaïne qui est beaucoup moins coupée. » Et qui est plus toxique pour les usagers car « tout usage, y compris ponctuel, est d’emblée à risque ».

Comment expliquer cette augmentation de la consommation de la cocaïne ?

Selon la psychosociologue Gladys Lutz Nale, l’usage de la cocaïne dans le travail augmente : les usagers consomment désormais des micro-doses dans une logique « de recourir à la cocaïne comme un stimulant pour faire son travail ou se remettre des effets du travail. Mais dans ces cas-là, la consommation est très faible » mais aux effets puissants : elle équivaut à quinze cafés environ.

Et cette consommation est désormais visible dans tous les secteurs, dans toutes les catégories sociales et non plus seulement dans les classes sociales plus aisées. Pour autant, nous explique Gladys Lutz Nale, « ce qu’on a identifié dans les recherches, c’est qu’il y a vraiment un recours à la cocaïne de manière assez marquée dans des métiers où il y a une intensification du travail corrélée à ce qu’on appelle l’individualisation du travail. C’est-à-dire des organisations, souvent en réduction d’effectifs,  qui font qu’on pense le travail comme finalement une mise en série, une addition du travail de chacun des travailleurs. »

Une substance considérée comme moins dangereuse par les usagers ?

Selon le directeur de l’OFDT, les dernières enquêtes liées à l’usage des substances addictives et illicites montrent que « la part des Français qui considèrent que la cocaïne est dangereuse dès sa première utilisation, est en baisse continue depuis une trentaine d’années ».


Pourtant, le danger lié à l’usage de la cocaïne n’est pas seulement liée à l’addiction nous rappelle Guillaume Airagnes : « l’usage même ponctuel, même une fois, à chaque usage, on prend un risque qui peut être un risque létal à chaque fois, notamment les risques sur la santé cardiovasculaire« .

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