Le tourisme de la drogue, qui se présente désormais avec une autre envergure au niveau du trafic, est un phénomène ancien qui a connu ces dernières années un essor nouveau particulièrement inquiétant.
Au début, dans les années 1970, des individus n’ayant pas d’attache avec la criminalité organisée, répondant à l’orientalisme en vogue, attirés par la disponibilité des drogues et les prix attractifs pratiqués, se rendaient dans les zones de production (Inde, Népal, Thaïlande, Turquie …) pour consommer sur place et s’approvisionner particulièrement en héroïne et cannabis.
Dans les années 1980, ce phénomène ne s’orientait plus vers les zones de production, mais plus particulièrement vers les Pays-Bas qui venaient de libéraliser l’usage de cannabis.
Au tournant des années 1990, le tourisme de la drogue en direction des Pays-Bas a connu, dans notre pays, un développement sans précédent, non plus axé simplement sur le cannabis, mais également sur l’héroïne voire dans une moindre mesure la cocaïne et d’autres substances psychotropes (ecstasy, LSD 25).
Cette forme particulière de trafic a un impact certain sur la consommation et le trafic des drogues en France.
Les causes de phénomène sont multiples.
Elles peuvent être regroupées en deux catégories :
➔ les causes économiques.
➔ les causes psychologiques.
LES CAUSES ÉCONOMIQUES |
➔ Le prix des produits qui sont pratiqués aux Pays-Bas sont largement plus intéressant que ceux qui sont pratiqués en France. ➔ Aux Pays-Bas, il existe une disponibilité et une qualité des produits que l’on ne retrouve pas forcément ailleurs. ➔ La tactique commerciale agressive développée particulièrement par des ressortissants marocains, au niveau de la distribution des produits, qui permet la prise en compte totale du client potentiel à partir des « Drug Runners » ou rabatteurs, jusqu’à l’accueil dans les appartements où s’effectuent les transactions est un autre atout. Le client se voit proposer de goûter la marchandise et reçoit des conseils pour passer plus facilement d’éventuels contrôles. ➔ Parfois, en fonction des quantités d’héroïne achetées, le client se voit offrir de la cocaïne en cadeau. ➔ Parallèlement, les usagers revendeurs et trafiquants français se sont organisés. Ils multiplient leurs voyages en réponse à une demande locale. |
LES CAUSES PSYCHOLOGIQUES |
➔ L’abaissement des frontières intérieures et l’annonce de la suppression des contrôles a pu jouer un rôle non négligeable qui est, malheureusement, difficilement quantifiable. ➔ Le différentiel répressif qui existe entre la France et les Pays-Bas, en ce qui concerne notamment l’usage et la détention de drogue, ne semble pas étranger au phénomène. ➔ Aucune frontière métropolitaine n’est à l’écart du phénomène du tourisme de la drogue. |
LES VOIES DU TRAFIC |
Les voies du trafic générées par ce phénomène peuvent s’identifier comme suit :
➔ Depuis le Nord, on distingue une diffusion vers la région parisienne, la Haute Normandie puis la Basse Normandie, les Pays de la Loire et secondairement la Bourgogne, les Charentes et le Centre.
➔ Depuis les Ardennes, on observe un axe Reims – Orléans.
➔ A une moindre échelle, il convient d’ajouter, la « filière suisse » qui affecte plus particulièrement le Haut-Rhin mais surtout le Doubs, le territoire de Belfort et les Vosges.
Pour lutter contre ce phénomène de plus en plus inquiétant, sous la pression de leurs partenaires européens, les Pays-Bas ont provoqué une première réunion tripartite au cours de l’année 1992 à Breda (Pays-Bas) qui a donné naissance à la structure opérationnelle « HAZELDONK ».
Depuis cette date, des opérations ponctuelles de contrôle et des échanges d’informations à caractère opérationnel sont régulièrement menées entre les services de Gendarmerie, Douanes et Police hollandaise, belge et française.