
Edition du 17 avril 2025.
L’une des conséquences nouvelles de la consommation détournée de protoxyde d’azote est un impact sur la santé de nouveau-nés.
En 2023, pour la première fois, il y a eu « des signalements de deux nouveau-nés présentant des troubles neurologiques à la naissance dans un contexte d’usage détourné et répété du protoxyde d’azote par la maman pendant la grossesse », alertent les autorités de santé.
Les autorités de santé tirent la sonnette d’alarme face à l’augmentation de la consommation de protoxyde d’azote – détourné comme « gaz hilarant » – et sur ses conséquences sur la santé.
L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) surveille « l’usage du protoxyde d’azote non médical » depuis 2013.
Entre 2019 et 2020, l’Anses avait mis en évidence « une augmentation inquiétante des intoxications en lien avec la consommation détournée de cartouches de protoxyde d’azote chez les jeunes ».
Des données qui avaient contribué à la loi de 2021 sur la prévention des usages dangereux du protoxyde d’azote.
Avertissement à destination des femmes |
Mais malgré les mesures de prévention, ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur comme le souligne l’ANSM, l’Anses et Santé publique France dans un communiqué publié le 16 avril.
En 2023, « 472 signalements liés à la consommation de protoxyde d’azote ont été enregistrés par les CEIP-A, soit 30 % de plus qu’en 2022. Les CAP-TV ont reçu 305 signalements, soit 20 % de plus qu’en 2022. Ces chiffres confirment l’augmentation du nombre de cas déclarés de complications associées au protoxyde d’azote observés ces dernières années », souligne le communiqué qui note « que la part des signalements concernant des femmes augmente ».
L’’une des conséquences nouvelles est un impact sur la santé de nouveau-nés.
En effet, en 2023, pour la première fois, il y a eu « des signalements de deux nouveau-nés présentant des troubles neurologiques à la naissance dans un contexte d’usage détourné et répété du protoxyde d’azote par la maman pendant la grossesse ».
Les instances de santé alertent donc « particulièrement les femmes enceintes et en âge de procréer sur les risques potentiellement graves pour l’enfant à naitre d’une exposition importante au protoxyde d’azote pendant la grossesse ».
Vers un durcissement de la loi ? |
« Lorsque la consommation de protoxyde d’azote est répétée et à intervalles rapprochés et / ou à fortes doses, elle peut entraîner des complications graves », rappellent les autorités de santé.
Parmi elles : « des troubles de l’usage (perte de contrôle de la consommation), dont des cas de dépendance ; des complications neurologiques : troubles sensitifs et/ou moteurs avec des engourdissements, des faiblesses musculaires, voire une perte de la capacité à marcher ; des douleurs nerveuses intenses, des troubles de la coordination et des troubles urinaires (difficulté à contrôler sa vessie voire incontinence urinaire) peuvent également survenir ; des problèmes cardiovasculaires (cœur et vaisseaux sanguins) : formation de caillots sanguins (thromboses), susceptibles de conduire au décès en cas d’embolie pulmonaire ; des symptômes psychiatriques : hallucinations, épisodes délirants, troubles de l’humeur ».
Un texte du sénateur Ahmed Laouedj (Parti radical de gauche) qui entend combler les « lacunes » de la loi de mai 2021 qui interdit la vente de protoxyde d’azote aux mineurs et sa commercialisation dans les débits de boissons et tabacs, est en cours d’examen par les parlementaires.
L’une des mesures centrales du texte, soutenue par le ministre de la Santé Yannick Neuder, est la création d’une nouvelle infraction pour l’usage détourné de protoxyde d’azote, sanctionné d’une amende de 450 euros.
En mars, les sénateurs ont voté la pénalisation de l’usage détourné de protoxyde d’azote, mais sans aller jusqu’à interdire totalement sa vente aux particuliers comme l’avaient fait auparavant les députés.
Affaire à suivre.